Sculpteur
TATIN Robert

 
Dans son quartier de l'Épine à Laval, Robert Tatin (Janvier 1902-Décembre 1983) grandit à côté des plus pauvres. Il en gardera le sens de l'action désintéressée et de la solidarité avec les plus démunis. Sa jeunesse est scandée par les fanfares et les éclats du cirque. Il y forge son goût pour le clinquant, le verbe haut et fort et le paraître. Ce n'est pas à l'école qu'il puise ses connaissances car il y fait un passage plus que rapide.
Robert Tatin est un homme de la route. Après un séjour de quatre années à Paris, de 1918 à 1922, où il fréquente les artistes du Bateau-Lavoir, il parcourt le pays comme compagnon du Tour de France. En 1930, il crée une entreprise prospère en bâtiment, à Laval. Il découvre alors Rome, la Sardaigne, la Suisse et la Corse, puis l'Afrique du Sud et New York. En 1950, il part pour le Brésil. Durant cet exil (de 1950 à 1955), il ne manquera pas de découvrir nombre de pays : l'Uruguay, l'Argentine, le Chili et la Terre de Feu, s'imprégnant de la culture amérindienne. De ses innombrables voyages, il a retiré une densité humaine, une philosophie et une extraordinaire qualité artistique.
Robert Tatin a eu un parcours singulier de semi-autodidacte : Fréquentant dans sa jeunesse des académies libres de dessin et de peinture, étant même inscrit à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris, il prit ensuite une orientation plus pratique et manuelle, en tant que géomètre, charpentier puis entrepreneur. Lorsqu'il décida en 1945 de se lancer dans une carrière de peintre et sculpteur, il connut alors une certaine reconnaissance dans ces domaines (médaille d'or de sculpture à la biennale de São Paulo, Brésil, en 1956 ; premier prix de la critique à Paris en 1961). Il a fréquenté de nombreuses personnalités artistiques de l'époque : Prévert, Cocteau, Breton, Giacometti, Dubuffet... Il a connu et cotoyé les plus grands de la peinture contemporaine : Picasso, Chagall, Buffet. Otto Hahn, critique artistique (notamment à L'Express), a écrit de nombreux articles sur Robert Tatin. Pourtant, lorsqu'à 60 ans il se réfugie dans son domaine de la Frénouse à Cossé-le-Vivien pour y bâtir son musée, chef-d'oeuvre visionnaire, ce sera une oeuvre hors-norme, plus proche des créations de l'Art brut et du Facteur Cheval que de celles des artistes savants.
En 1962, Robert Tatin revient définitivement s'installer dans le bocage mayennais avec sa femme Lise, en acquérant une maison en la Frénouse à Cossé-le-Vivien. C'est autour de cette maison qu'il réalisera pendant 22 ans, l'oeuvre d'aboutissement de sa carrière et de sa vie : l'Etrange musée de Robert Tatin. Reconnu Musée par André Malraux et inauguré comme tel en 1969, c’est une immense architecture sculptée apparentée aux Environnements visionnaires des Habitants-Paysagistes, et dédiée à l’Humanité. Il abrite les céramiques, dessins et peintures de Robert Tatin (et même d’autres types créations comme le vêtement). Amoureux des cathédrales, l’artiste y mêle symboles universels et poésie pour nous livrer sa pensée sur l’histoire du monde.